Die Legende von Plan-Névé - La légende de Plan-Névé

Land: Schweiz
Kategorie: Sage

An der Stelle, an der sich heute der Plan-Névé-Gletscher befindet, d. h. nördlich des Grand Muveran, gab es früher auch wunderschöne Weiden, wie die alten Leute der Gegend erzählen. Der Berg war so schön und fruchtbar, und die Sennen waren so wohlhabend, dass sie mit Ziegenkäse Puck spielten und mit Butterstücken als Kugeln kegelten. - Was war die Ursache für eine so große Veränderung? Das erzählt eine sehr volkstümliche Überlieferung, die einem unserer Waadtländer Dichter, den der Tod viel zu früh aus dem Leben gerissen hat, das Thema für eines seiner erfolgreichsten Gedichte lieferte.

An einem Abend, an dem ein Sturm in den Bergen drohte, stand eine Frau mit armem und faltigem Aussehen vor der Tür der Hütte Plan-Névé. In einem Mitleid erregenden Tonfall flehte sie die Sennen an, sie für die Nacht zu beherbergen und ihr eine Brotkruste mit ein wenig Butter zu geben. Die Bauern, die zwar im Überfluss lebten, aber herzlose Menschen waren, wie es niemals sonst welche gab, hart und grob, antworteten ihr, dass sie nichts für sie hätten und sie nur so schnell wie möglich abhauen solle.

Die arme Alte, oder vielmehr die Bergfee, ist ebenso wütend wie gekränkt und verlässt schweigend die ungastliche Hütte; dann dreht sie sich in einiger Entfernung um, blickt mit einem schrecklichen, prophetischen Blick auf die Weide und spricht den folgenden Fluch aus: «Schöne Ebene! Plan-Névé! Nie werde ich dich wiedersehen, Land!»

Oder nach anderen: «Plan-Névé bist du und Plan-Névé wirst du sein, nie wirst du wieder Land!»

Sofort bricht ein entsetzlicher Sturm aus Schnee, Hagel und wütendem Wind auf dem schönen Berg aus und bedeckt ihn in wenigen Augenblicken mit einem Leichentuch aus Eis, das viele Jahre lang immer dicker wurde.

Heute schrumpft der Gletscher, und was der Meinung, dass diese Gegend früher eine Weide war, einen gewissen Wahrheitsgehalt verleiht, ist, dass unter anderem im Jahr 1822, einem warmen und sehr frühen Jahr, Gämsen- und Murmeltierjäger berichteten, sie hätten dort im Geröll aus Stein und Eis das Gewölbe einer alten Brücke freigelegt gesehen, die zweifellos dazu bestimmt war, den Zugang zum Berg zu erleichtern. Es wurde sogar behauptet, dass diese Brücke alle sieben Jahre freigelegt würde. Außerdem soll vor einigen Jahren in den Moränen am Fuße der Cuvertellets-Wände eine Eisenkette gefunden worden sein, mit der das Vieh angebunden wird und die vom Gletscher mitgeschwemmt wurde. Andererseits antwortete mir Herr Philippe Marlétaz aus Les Plans, der bekannte Führer, den ich zu diesem Punkt befragte, wie folgt: «Vor zwei Jahren brach auf der Seite des Tête à Pierre Grept und des Gletschers von Plan-Névé ein Gewitter aus. Infolge der Wasseransammlung war der Wildbach so stark angeschwollen, dass das Gelände, das sein Bett bildet, bis zu einer Tiefe von drei Metern ausgewaschen wurde, wobei Balken und ziemlich große Stämme freigelegt wurden; was gut beweist», fügte er hinzu, «dass es in alten Zeiten in diesen hohen Regionen Siedlungen oder Wälder gegeben hat.»

Wie dem auch sei, die Legende existiert und wird im Vallon des Plans wie auch in der Umgebung so lange fortbestehen, wie Menschen dort wohnen.

 

Quelle: Alfred Cérésole, Légendes des Alpes vaudoises, 1885, unter dem Titel: La légende de Plan-Névé
Übersetzt von der Mutabor Märchenstiftung, www.maerchenstiftung.ch

 

 

La légende de Plan-Névé

À l’endroit où se trouve actuellement le glacier de Plan-Névé c’est-à-dire au nord du Grand Muveran existait autrefois aussi, racontent les vieillards de la contrée, un magnifique pâturage. La montagne était si belle et si fertile, les vachers dans une telle prospérité qu’ils jouaient aux palets avec des tommes de chèvre, et aux quilles avec des têtes de beurre, en guise de boules. – Quelle a été la cause d’un si grand changement ? Voici ce que raconte une tradition très populaire, qui a inspiré à l’un de nos poètes vaudois, trop tôt enlevé par la mort, le sujet d’une de ses compositions les mieux réussies.

Un soir que la tempête menaçait dans la montagne, se présente, à la porte du chalet de Plan-Névé, une femme à l’aspect pauvre et ridé. D’un ton digne d’exciter la compassion, elle supplie les vachers de l’héberger pour la nuit et de lui donner ona crota, c’est-à-dire une croûte de pain avec un peu de beurre. Ceux-ci, bien que dans l’abondance, hommes sans cœur s’il y en eut jamais, gens durs et grossiers, lui répondent qu’ils n’ont rien pour elle et qu’elle n’a qu’à détaler le plus tôt possible.

La pauvre vieille – ou plutôt la fée de la montagne – aussi furieuse que froissée, sort en silence du chalet inhospitalier ; puis, à quelque distance, se retourne et, regardant le pâturage d’un œil terrible et prophétique, profère cette malédiction :

« Balla pllanna ! Pllan Névé ! jamé terreina te ne te reverré ! » (Belle plaine ! Plan-Névé ! jamais je ne te reverrai terrain !)

Ou selon d’autres : « Plan Névé té, et Plan Névé té saré ! jamais té ne té réterrennéré. » (Plan-Névé tu es et Plan-Névé tu seras, jamais tu ne redeviendras terrain.)

Aussitôt, un orage épouvantable de neige, de grêle et de vent en furie se précipite sur cette belle montagne et la recouvre en quelques instants d’un linceul de glace qui, pendant de longues années, n’a été qu’en s’épaississant.

Aujourd’hui le glacier diminue, et ce qui donne quelque apparence de vérité à l’opinion que ces lieux formaient jadis un pâturage, c’est que, entre autres, en 1822, année chaude et très précoce, des chasseurs de chamois et de marmottes racontaient y avoir vu à découvert, dans les éboulis de pierre et de glace, la voûte d’un vieux pont, destiné sans doute à faciliter l’accès de la montagne. On prétend même que ce pont se découvrirait tous les sept ans. En outre, dans les moraines, au pied des parois des Cuvertellets, on doit avoir trouvé, il y a quelques années, une chaîne en fer au moyen de laquelle on attache le bétail, et qui aurait été charriée par le glacier. D’autre part, M. Philippe Marlétaz des Plans, le guide bien connu que je consultais sur ce point, m’a répondu ce qui suit : « Pour mon compte, voici ce que j’ai observé et découvert : Il y a deux ans, un orage a éclaté du côté de la Tête à Pierre Grept et du glacier de Plan-Névé. Par suite de l’accumulation des eaux, le torrent avait tellement grossi que le terrain qui forme son lit avait été rongé à une profondeur de trois mètres, en mettant à découvert des poutres et d’assez gros rondins ; ce qui prouve bien, ajoutait-il, que dans les anciens temps il y avait des habitations ou des forêts dans ces hautes régions. »

Quoi qu’il en soit la légende existe et subsistera au vallon des Plans, comme aux alentours, aussi longtemps que des êtres humains y habiteront.

...

Les troupeaux sont rentrés ;
le vacher, devant l’âtre,
Plonge ses bras nerveux dans le lait écumant ;
Et ranimant le feu sous la cendre grisâtre.
Joyeux, il voit son lait déborder aujourd’hui
De ce vase qu’hier il vit déjà rempli.

Cependant une voix s’élève sur la porte :

« Bon maître, accordez-moi votre hospitalité !
Pour une femme, hélas ! la tempête est trop forte ;
Bien traître est le sentier dans cette obscurité :
Sous l’orage déjà la montagne s’agite,
Bon Dieu !... jusqu’à demain veuillez me donner gîte ! »

Une vieille courbée, au seuil tenant sa main,
Faible, implore un appui sur ces hauteurs funèbres.
« Quoi ?... mendier ici ? Va, va, suis ton chemin !
Les oiseaux tels que toi craignent peu les ténèbres... »
Et le cruel, tandis qu’un morne éclair reluit,

D’un geste montre, hélas ! le désert et la nuit.
– Ô maître, ayez pitié ! la fatigue de l’âge...
– Va, va, suis ton chemin ! Pourquoi partir si tard ?
Tu devais bien prévoir la nuit, même l’orage.

– L’aurore, bon seigneur, éclaira mon départ ;
J’ai marché tout le jour ; mon Dieu ! je suis si vieille !
– Va, dis-je, et garde-toi de lasser mon oreille.

La pauvre suppliante s’éloigne navrée, méditant on son cœur une terrible vengeance :

D’un pas qui n’avait rien des faiblesses de l’âge,
Elle gravit les rocs loin du sentier battu ;
Et, se perdant enfin dans la nuit et l’orage,
On l’eût dire emportée au sein du tourbillon
Où la foudre traçait son rapide sillon.

Mais bientôt, au milieu d’une lumière étrange,
Elle apparaît encor sur un roc élevé ;
Tout autour du sommet le nuage se range
Et dévoile à ses pieds le cruel Plan-Névé.
Alors la vieille femme élevant sur sa tête
Son vieux manteau qui flotte au vent de la tempête,

Étendant ses deux bras sur le mont découvert,
Mêle une voix terrible au tonnerre qui passe :
« Plan-Névé ! Plan-Névé ! désormais un désert
Va recouvrir ton front d’une stérile glace ;
Désormais tes chalets jamais ne verront plus
Le peuple des bergers à mi-été venus ;

Plan-Névé ! désormais à tes frais pâturages
Nul troupeau ne viendra ; Plan-Névé ! Plan-Névé !...»
Et chaque mot porté sur l’aile des orages
Était jusqu’aux chalets en fracas arrivé ;
La génisse mugit en ouvrant sa narine
Et le pâtre sentit frissonner sa poitrine.

...

Alors ou entendit un bruit épouvantable ;
La montagne mugit jusqu’en son fondement :
Avalanches, torrents, tempête, éclats de foudre...
On eût dit le fracas d’un monde mis en poudre.

Insondable, la nuit planait sur ces terreurs.
Mais quand la fraîche aurore apparut sur les cimes
Plan-Névé ! Plan-Névé ! d’une nuit que d’horreurs !
Vallon qui s’inclinait sur le bord des abîmes,
Pâturages herbeux, chalets, riches troupeaux...
Le glacier couvrait tout de son morne repos.

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